*Disgust*
Auteur: Thera
Genre: général, angst
Saison: 1
Spoilers: épisode 5 First do no harm/Le revers de la médaille
Rating: K+
Disclaimers : La série ainsi que les personnages ne m’appartiennent pas.
Cette fic est écrite uniquement pour le plaisir.
Note de l’auteur : A la fin de l’épisode 5, j’ai trouvé la réaction de Mac tout à fait touchante, et ça a donné ceci. Une petite introspection.
Les feedbacks sont toujours appréciés, c’est très constructif et ça fait toujours plaisir !
***
Tes dents se resserrent violement sur ta langue. Tu te mords si fort pour ne pas hurler de rage. Tu n’as pas le droit de craquer. Il ne faut pas qu’il voit, pas qu’il sache. Car tu peux le sentir, il ne dort pas.
Le goût du sang se répand peu à peu dans ta bouche. Tu réprimes un haut le cœur. Est-ce le sang ou bien cette aversion que tu ressens qui te donne la nausée ? Tu ne saurais le dire vraiment. Tu te contentes de fermer les yeux espérant ainsi pouvoir faire le vide.
Ne pas pleurer !
Tu ne dois pas pleurer Mackenzie !
Tu te répètes les mots comme pour t’en convaincre.
Naïvement, tu aimerais pouvoir tout oublier ou simplement avoir l’opportunité de changer les choses et parvenir ainsi à trouver cette quiétude qui te fait défaut. Mais c’est comme si tu revivais l’instant, encore et encore. Tes yeux clos ne sont pas une barrière assez efficace contre ces images qui hantent sournoisement ton esprit. Sous tes paupières baissées, tu la revois ELLE prononcer ces mots, tu revois son visage à LUI, la mesquinerie de Templeton te revient aussi en mémoire. Toutes ces images te contraignent à ne pas oublier. Et puis finalement, comment le pourrais-tu ? Tu ne peux pas balayer cette faute du revers de la main. Une pensée s’impose alors à toi : tu es trop faible pour les responsabilités qui t’incombent. A cet instant tu aurais envie de te mettre à genou, de supplier qu’on t’accorde le pardon. Le mérites-tu seulement ?
Au lieu de ça, tes poings se referment autour du drap et c’est tout ton corps qui se crispe. Tes muscles te font souffrir tellement tu es tendue. Toute cette colère contenue, cette répugnance, cette déception aussi…
Tu ne dois pas pleurer Mac !
Tu n’as pas le droit de te laisser aller.
Tout à coup, tu te fais immobile, tu retiens ta respiration comme tu l’entends remuer dans le lit. Tu as peur qu’il te force à te retourner vers lui. Tu ne pourrais pas affronter son regard. C’est encore trop tôt. Tu crains de ne pas supporter. Tu ne veux pas voir dans ses yeux le reproche, l’amertume, le dégoût. Car c’est bien cela dont il est question, ce soir tu ressens simplement pour toi-même un profond dégoût. Rien que cette triste constatation te fait grimacer.
Tu ne mérites aucune excuse.
Tout ce dont tu mérites c’est ce châtiment si peu proportionnel à ta faute finalement : tu seras hanter par cet acte que tu as commandité. Tu imagines que cette faute fait à présent partie de toi. Elle est en toi. Ton faux pas. Ta croix. Ton cœur porte à présent cette maladresse lourdement.
Bien sûr, tu pourrais te défendre en protestant que Melanie Blackston a sa part de responsabilité, que tu ne savais pas que cet ordre donné signerait l’arrêt de mort de Tarik Asahm. Evidemment il n’est pas encore réellement mort mais ce n’est qu’une question d’heures, tu le sais.
La vérité est finalement tout autre : tu as tué un homme ! Les mots ne cessent de se répéter dans ta tête qui te fait à présent atrocement souffrir. Les poings toujours fermés, les dents serrées, tu défies encore les larmes de couler. Tu ne peux pas pleurer. Tu n’as pas le droit, pas après avoir ordonné un tel acte. Ce ne serait pas juste !
Tu pourrais apaiser ta conscience en te disant que tu as sauvé des millions d’Américains, que cet homme n’était qu’un terroriste. Un terroriste ! Un homme pour qui la mort est son métier. Un homme qui ne rechigne pas à sacrifier des vies au nom d’un idéal douteux. Pourtant cela n’y fait rien. La réalité reste la même : tu as tué un être humain. Tu as bafoué les droits de l’homme, purement et simplement. Tu as œuvré avec la même bassesse que ceux que tu t’emploies à combattre. Tu ne vaux pas mieux qu’eux, c’est ce que tu te reproches intérieurement. Qu’as-tu fait des valeurs que tu défends ? As-tu perdu tout sens moral à l’instant où tu as investi le Bureau Ovale ?
Tu viens de cautionner la torture ainsi que la mort d’un prisonnier !
C’est comme si tu l’avais tué de tes propres mains.
Alors quoi…c’est ça le job ? Devenir le leader du monde libre, gouverner ce pays en se salissant les mains ? Encore ce sentiment de dégoût qui s’impose à toi avec encore plus de violence, un dégoût pour ta personne, pour la politique, pour la façon de gouverner…
Et dire que demain tu rencontreras à nouveau fierté et respect dans le regard de ta famille, de tes collaborateurs. Comme d’habitude. Ils te féliciteront de la manière avec laquelle tu as sauvé le pays d’une attaque terroriste. Ils ne savent pas, ils ne peuvent pas comprendre, ils n’ont pas ta place. Ils excuseront ton acte en invoquant le fait que par cet homme allaient périr des citoyens innocents. Ils ont raison, tu le sais, mais ce ne sont pas eux qui ont commis la faute.
Tu te reproches à présent ton inexpérience dans ce travail, ta méconnaissance également. Tu aurais du te douter que Teddy Bridges parlait lui par « métaphores », il était probablement prêt à fermer les yeux sur certains actes embarrassants. Cela faisait peut-être partie de la fonction. Mais toi non, tu n’es pas comme ça, tu n’es pas comme eux. Peut-être est-ce ta sensibilité de femme qui ne peut te faire accepter un tel acte ? Peut-être n’as-tu pas l’étoffe des Grands Hommes ? Tu n’es probablement pas assez endurcie.
Un long soupir s’échappe de tes lèvres comme tu sens tes joues tout à coup moites. Il n’a fallu que quelques secondes d’inattention, tu as baissé ta garde et les larmes se sont déversées sur ton visage.
Ton corps se soulève au rythme des sanglots. Tu ne maîtrises plus rien.
Comme tu l’aurais prédis, il t’a senti défaillir et de ses mains puissantes il cherche à te retourner vers lui. Tu luttes quelques secondes, puis tu bats en retraite trop éreintée de combattre sans cesse. Tu te retrouves fermement plaquée contre le torse de Rod.
L’espace d’un instant, tu songes à le repousser, tu ne mérites pas autant d’attention. Pas après l’atrocité de ce que tu as commis. Finalement ce que tu juges être de la faiblesse l’emporte, tu te laisses aller contre lui, tu espères alors encore naïvement que sa douce étreinte te fera oublier quelque peu.
Tu sens sa main remonter jusqu’à te saisir le menton. Tu sais ce qu’il demande implicitement. Tu ne peux pas, tu ne veux pas. Pourtant tu le sais si tenace à ce jeu. Avec une extrême lenteur, tu ouvres enfin tes yeux sur lui. Un sanglot fait tressaillir à nouveau tout ton corps.
C’est un regard incertain que tu poses sur ton mari. Tu ne comprends pas, tu cherches en vain.
Où est donc ce dégoût ? Cette déception ?
Les yeux embrumés de larmes, tu constates que le regard de Rod n’est empli que d’inquiétude et d’amour. Il ne te juge pas, il ne juge pas ton acte. Il ne se permettrait jamais, il respecte simplement ta position. Il ne peut pas comprendre ce que tu traverses, alors par son unique présence il te soutient, il t’encourage à œuvrer pour le bien. Il t’ouvre les yeux sur toi-même.
Tu saisies enfin. Tu n’as pas oublié les valeurs que tu défends si fermement. Si tel était le cas, tu n’aurais aucun remord, aucun dégoût face à ce que tu as fait. Si malheureux que ce soit, tu sais que tu vas apprendre de cette erreur. Et tu te fais le serment que de tout ton mandat tu t’emploieras à éviter ce genre d’acte. Tu ne le saurais tolérer une deuxième fois. Si la fonction de président induit inévitablement des sacrifices, tu te promets que les vies humaines, quelles qu’elles soient, n’en feront pas parties.
Ce soir, plus que jamais, tu prends conscience de l’importance et l’impact de tes paroles, de tes agissements. Tout n’est pas sans conséquences, tu en es convaincue.
Tu apprendras à vivre avec Tarik Asahm dans ton esprit, mais tu n’oublieras pas. Tu ne pourras jamais oublier.
Bien que tu sois épuisée, tu sais que cette nuit tu ne parviendras pas à trouver le sommeil. Tu y repenseras encore et encore. Cet acte, et bien plus encore la fonction que tu occupes, te murent dans une solitude grandissante. Tu te rends compte que malgré tes nombreux conseillers, tu es bien seule à prendre les décisions et à devoir en gérer les conséquences, alors à cet instant la présence de Rod t’apparaît rassurante. Comme s’il avait senti ton besoin d’être entouré, ses bras se resserrent autour de toi et tu te détends quelque peu.
La fonction de président des Etats-Unis n’est pas chose aisée. Chaque jour tu en prends conscience davantage. Tu commettras probablement encore des erreurs, tu auras des moments de doutes et d’incertitude, tu auras peut-être envie de tout abandonner à certains moments. Mais tu n’en feras rien. Tu parviendras à remplir ce pourquoi tu as prêté serment, parce que tu crois fermement en tes convictions et que tu es prête à défendre les valeurs de ce pays. Et plus que tout, tu te sens investie d’une mission: agir pour un monde meilleur.
Alors ? qu'en pensez-vous ?